Depuis quand avez-vous votre société ?

Mon mari est installé depuis 1992 à Chauvigny.

Quelle est votre activité ?

Mon mari est paysagiste et pépiniériste. Il fait de l’aménagement, de la création et de l’entretien de jardins. Nous avons une pépinière ouverte au public le samedi avec un très grand choix de végétaux.
Vous travaillez à deux dans l’entreprise ?
Mon mari est le chef d’entreprise. Il se charge du « terrain » et des relations clients. Moi je suis salariée, je m’occupe de l’administratif.
Nous avons eu plusieurs salariés mais en ce moment, nous n’en avons qu’un. Nous cherchons à recruter une personne ayant une très bonne connaissance de la pépinière et de l’aménagement de jardin. Et c’est vraiment difficile de trouver quelqu’un qui a ces compétences.

Trouvez-vous que votre métier a changé depuis 1992 ?

Je vais vous dire ce que je perçois en tant qu’administratrice. Quand mon mari (qui a un BTS) a commencé ses études, c’était très sélectif. Il y avait, je pense, quatre Centres de formation en France. C’est assez parlant. Maintenant, on fait de la formation à « tour de bras ». Mathématiquement parlant, ça a forcément évolué étant donné qu’on forme beaucoup de jeunes.
Ça a peut-être changé aussi dans l’approche que les gens ont de leur jardin. Il y a une demande de « minéral » de certains clients, -et nos collègues y répondent très bien. Les clients veulent aussi des jardins avec peu d’entretien, peu de plantes, des jardins très « épurés ».
Quant à nous, notre slogan c’est « Végétal par nature ». Nous restons amoureux des plantes, attachés aux végétaux. Avant de s’installer, mon mari a travaillé dans la plus grande pépinière de France (il était dans le secteur Recherche et développement), il a aussi travaillé en Angleterre. Il a un amour du végétal, c’est évident. Et nous avons des clients qui cherchent à réellement végétaliser. Nous ne sommes pas du tout dans les travaux de maçonnerie, par exemple.

Comment faites-vous passer le message « végétal » ?

Nous ne faisons pas d’actions particulières de publicité. Le bouche-à-oreille fonctionne très bien. Et nous refusons du travail.
Où se trouve votre clientèle ? Quand vous avez peu de temps et beaucoup de travail, il faut faire des choix. Donc vous faites une sélection autour de chez vous. Mon mari travaille beaucoup et nous avons, comme je l’ai dit précédemment, un problème pour trouver du personnel qualifié.
N’est-ce pas contradictoire avec le fait que vous disiez qu’un grand nombre de jeunes étaient formés ? Nous sommes « Végétal par nature ». Donc avec notre pépinière, nous avons besoin de quelqu’un avec des connaissances sur les végétaux. On n’apprend plus trop à l’école malheureusement. Dans notre entreprise, depuis toujours, nous faisons de la formation d’apprentis. Quand ils partent dans d’autres entreprises, ils sont bien formés sur « le végétal ». Ils en ont une bonne connaissance.

Concernant la Coopérative, comment vous est venue l’idée de fédérer plusieurs corps de métiers ?

À une certaine période, nous avons constaté que, même en travaillant « honnêtement », nous ne rentrions plus de nouveaux chantiers. Et que nos clients habituels nous faisaient des remarques sur le manque de déductions fiscales… S’ils prenaient quelqu’un en « Chèque Emploi Service », c’était plus intéressant.
Donc il a fallu trouver une solution. Ouvrir une 2e structure ? C’est lourd à mettre en place : la comptabilité, le personnel, les plannings, le matériel… Mettre en place un Service à la Personne, pourquoi pas ?
Un ami jurassien, paysagiste aussi, nous a conseillés. C’est dans le Jura qu’a été créée la première Coopérative Artisans à domicile et il nous a donné les bonnes informations pour se lancer. Nous avons contacté la Chambre des métiers et de l’Artisanat de la Vienne et ça s’est mis très vite en place. Au début, personnellement, je faisais beaucoup de choses…

Comment avez-vous communiqué auprès des artisans ?

J’ai pris l’annuaire et mon téléphone, j’ai appelé des collègues, des artisans autour de chez moi. Certains ont tout de suite adhéré, d’autres non. D’ailleurs ça m’a surpris d’avoir des refus. Nous, nous avons toujours été dans une démarche de « collègues » et non de concurrents.
L’objectif de la Coopérative est : tous les artisans sont sur un pied d’égalité. Je souhaite que ça reste comme ça, ça marche très bien.
Pourquoi n’êtes-vous pas restée dans le Bureau ?
Pour qu’une idée avance, il faut savoir laisser de nouvelles idées arriver. On ne détient ni la paternité, ni la maternité (!) de la Coopérative.
Je trouve ça bien que ça change de main. Il faut que tout le monde travaille en bonne intelligence avec les autres. Chacun détient les clés de la réussite de cette coopérative. C’est beau le mot « COOPÉRATIVE ».

Je souhaite que la Coopérative reste sur les bons fondements et qu’elle continue comme cela. Je trouve que « ça roule bien ». Je n’ai pas d’inquiétude de côté-là. La réussite de ce projet fait plaisir. On peut tous travailler plus sereinement avec les clients.

M.Mme Fradet
14 Rue de Lussac 86300 Chauvigny
05 49 56 48 72